25 janvier 2017

J'ai une petite maladie mentale

Note: je partage ceci dans le cadre de la journée On cause pour la cause de Bell. C'est important.


J'ai une petite maladie mentale: je fais de l'anxiété.

Je dis "petite" non pour diminuer l'anxiété, mais parce que, dans mon cas, elle est assez douce. Une fois que je l'ai vue, une fois que j'ai pris une médication qui me convenait, mon anxiété se contrôle assez bien.

J'ai rarement eu l'impression que j'allais mourir pendant une crise, mais c'est arrivé, surtout pendant les premières, quand je ne savais pas ce qui se passait.

Mes réactions sont parfois disproportionnées: elles gonflent démesurément, elles prennent toute la place en tassant le bon sens et la raison. Impossible de les ignorer. Impossible de les contrôler. La peur, la panique, la détresse envahissent, aveuglent, étouffent.

L'anxiété m'a menée à la dépression. Plusieurs fois. Sans que je comprenne ce qui se passe, jusqu'à tout récemment.

Pourtant, ma vie n'est pas à plaindre. Je suis Blanche, hétérosexuelle, francophone, de la classe moyenne, assez brillante, assez jolie. Je n'ai rien vécu de bien traumatisant. Oh, certains trucs difficiles que je n'étais pas équipée pour gérer adéquatement, mais pas d'épreuve accablante de pauvreté, de violence, de haine...

Rien qui justifie que je reste couchée, incapable de bouger, d'affronter la journée, le monde. Rien qui explique cette peine immense, ce vide béant à l'intérieur.

Toutes ces années, j'ignorais que j'avais une petite maladie mentale... qui se gère assez facilement.

"Facilement". Un gros mot. C'est facile une fois que la médication joue son rôle, que les mécanismes sont décortiqués, les signes perçus, les astuces développées. Avant ça, pendant longtemps, jusqu'à tout récemment, c'était difficile.

Mon médecin et ma psychologue ont été d'une aide incroyable, chacun à leur façon. J'ai eu la chance, dans notre système de santé, de tomber sur des personnes compétentes et attentives, dont l'approche me convenait.

J'ai aussi la chance d'avoir pu quitter un emploi dont l'atmosphère et le contexte ne me convenaient pas, qui me rendait malade parce que je n'arrivais pas à m'adapter. Ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre cette coupure.

Maintenant, ça va mieux. Ça va bien. Vous le lisez sur ce blogue-ci: des petits efforts constants, mais un bonheur assez constant aussi. Ça aurait pu dégénérer: dans le pire de mes dépressions, j'ai eu des pensées suicidaires.

Parce qu'il y a quelque chose dans mon cerveau qui ne réagit pas de la bonne façon, qui décuple les réactions négatives ou je-ne-sais-quoi.

Parce que, en devenant adulte, je n'ai pas appris à gérer les imprévus, les frustrations, les déceptions. À gérer mes émotions, surtout.

Aujourd'hui, j'ai toujours cette petite maladie mentale. Elle sera probablement toujours là, comme du diabète type II ou de l'eczéma. Mais je la connais. Je l'ai apprivoisée. Je la contrôle. Pas toujours bien, mais quand même pas pire. Et c'est correct.

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